Baustelle

Baustelle

(1976-78). Durée : 25’07 »

 

Existant en version quadraphonique ou stéréophonique, cette œuvre pour bande a été réalisée sur une période de deux ans au studio de musique électronique de la Musikhochschule de Cologne dirigé par Hans Ulrich Humpert, avec l’aide technique de Marcel Schmidt. Elle a été diffusée par Francis Dhomont lors de différents Festivals de musique acousmatique.

L’œuvre est principalement faite à partir de musiques jouées par un grand orgue de Barbarie de facture allemande enregistré pendant la Foire de Liège (Belgique) en 1976. S’ajoutent à ces musiques quelques bruits et sons concrets (bruits de circulation, de chantier de construction, voix enregistrées dans une kneipe de Cologne ou en studio).

L’idée de départ pour Baustelle me vint lorsque j’expérimentais des superpositions de ces musiques sur les 16 pistes du magnétophone Studer du studio. Au-dessus de ce fouillis de mélodies, les sons cristallins du glockenspiel de l’orgue, lui aussi démultiplié par la superposition, me donnait l’impression de me trouver « au-dessus de la Terre » et d’y entendre les bruits de millions de marteaux qui s’agiteraient en bas, me laissant l’image de notre planète comme d’un gigantesque chantier de construction. D’où le titre de l’œuvre (auquel j’ai parfois pensé ajouter, à l’encontre des panneaux d’interdictions allemands, : …bitte betreten, c’est-dire : « Chantier de construction, SVP, pénétrer et y participer ! »).

À partir de cette image de départ s’est élaborée une forme ample dont chacune des huit parties, bien contrastées, est définie par une densité différente de superposition de mélodies d’orgue de Barbarie : carrousel (4 couches), trames (3 couches), méga-valse (6 couches), scherzo (2 couches), glissandi (8 couches), solo (1 couche), accords (11 couches) et chantier (16 couches). Des transitions plus ou moins longues relient ces parties en utilisant les bruits concrets déjà mentionnés. Les techniques employées sont essentiellement : montage de bande et superposition sur multipiste (surtout !), filtrage et spatialisation.

L’œuvre est de forme assez ample et dramatique, avec parfois une atmosphère très « colonaise », proche du Stockhausen des Hymnen et aussi de Henri Pousseur, dont l’amour des mélodies populaires a peut-être stimulé l’expression du mien.