Danses des hauteurs

Le cycle Danses des hauteurs

Danses de hauteurs est le titre général de ce qui devrait être, une fois le projet complété, une série de pièces conçues chacune pour un instrument solo différent.

Le mot danses du titre général renvoie à l’attention que j’ai accordée à l’organisation de l’aspect rythmique et métrique de ces oeuvres et aussi à mon intérêt général pour certaines manifestations de l’art de la danse et pour la musique qui lui est destinée.

Le mot hauteurs est à comprendre à la fois dans le sens que lui donne la théorie musicale (les notes de musique, sa dimension harmonique) aussi bien que dans le sens physique (montagnes, collines à gravir) ou figuré (l’idéal, les zones élevées de la pensée).

Les pièces du cycle devraient toutes avoir en commun de suivre un mouvement général ascendant du grave vers l’aigu (vers les hauteurs…), et aussi de renvoyer à une pièce « fétiche » du répertoire de l’instrument concerné.

Ces pièces sont écrites grâce à des bourses du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts et des lettres du Québec.

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Montée de printemps pour basson solo (1995)

Partition Montée de printemps

et Attiré vers le haut par le menu pour alto solo (1996)

Partition Attiré vers le haut par le menu

Interprète : Brian Bacon

Montée de printemps pour basson solo fait référence au solo initial du Sacre du printemps d’Igor Stravinsky. La citation terminale de ce solo – légèrement transformée sur le plan modal et rythmique – se sera bâtie peu à peu au cours de ma pièce à partir d’une simple tenue dans le grave de l’instrument, ce processus s’inscrivant dans le mouvement ascendant qui entraîne toute la musique. D’où le titre, rempli par ailleurs de toutes sortes d’autres connotations (rut, etc).

Alors que, pour Attiré vers le haut par le menu pour alto solo, c’est une petite figure en triolets tirée du IIe mouvement (Menuet) du Trio avec alto K. 498 de W. A. Mozart, qui, elle aussi légèrement modifiée et intervenant périodiquement dans l’aigu, attire vers elle tout ce qui n’est pas elle. Je n’ai pu m’empêcher de penser à la « douce » insistance têtue des enfants, ces menus humains, qui, lorsqu’ils veulent quelque chose, vous scient très sérieusement les côtes jusqu’à finalement vous attendrir… Imaginez une excursion familiale vers le sommet d’une petite montagne, les demandes de votre mioche ponctuant très régulièrement et sans relâche votre effort… En un sens, les enfants nous élèvent…

Montée de printemps est dédié conjointement à Michel Bettez et à la danseuse et chorégraphe Marie Chouinard et Attiré vers le haut par le menu , à Brian Bacon et au danseur Mark Shaub.

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Hinauf, dem Bach entlang pour violoncelle solo (1996)

Partition Hinauf, dem Bach entlang

Interprète : James Darling

Le titre de la pièce pour violoncelle peut se traduire par « en montant, le long du ruisseau » mais il peut se lire aussi en référence au vénérable Jean-Sébastien (Bach = ruisseau, en allemand) dont la Sarabande de la 5e Suite en do mineur pour violoncelle seul a été, à la suggestion du dédicataire James Darling, le point d’origine de l’inspiration. À partir de ce point, c’est toute la Suite qui a finalement influencé mon travail, et j’ai « suivi le ruisseau », en empruntant du Prélude, de l’Allemande, de la Courante, de la Gavotte avec Double, et enfin de la Gigue, les tempi, des allures et des formules rythmiques, des profils mélodiques, un peu du caractère de chaque danse en somme, pour construire une forme dont une transformation de la Sarabande est demeurée le centre. Située d’abord dans l’octave grave du violoncelle, la musique se répand peu à peu sur un ambitus très large de l’instrument pour se restreindre à nouveau mais dans l’aigu cette fois, y laissant ce qu’il me plaît d’appeler « les enfants de la Sarabande » qu’évoque mystérieusement le sous-titre de l’oeuvre (Sarabändische Kinder).

Hinauf, dem Bach entlang est dédié conjointement au violoncelliste James Darling et au danseur et chorégraphe Sylvain Émard.

 

Michel Gonneville